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L'équipe du Cedra vous souhaite une bonne année de lutte(s) pour 2025

Le Cedra est à nouveau sur le pont et vous adresse ses meilleurs voeux. Sans plus attendre, voici un tour des dernières actualités !

A quoi s'attendre du côté de Bure ?

Avec 2024 s'est terminée la première année d'instruction de la DAC (demande d'autorisation de création) du projet Cigéo. D'après le calendrier prévisionnel de l'Andra, elle pourrait durer jusqu'en 2027 et une enquête publique devrait avoir lieu en 2026. 2025 devrait ressembler peu ou prou à 2024 : l'instruction du projet se poursuit et les "évaluateurs du nucléaire" étudient au peigne-fin les 12 000 pages du dossier. Au peigne-fin ?! Le doute est permis car cette fin d'année jette un discrédit profond sur l'ensemble du dossier et de son évaluation.

 

Un rapport pourtant explosif passé presque inaperçu

La Criirad a publié un rapport alarmant sur le volet "radiologie" (une infime partie, 20 pages seulement sont consacrées à ce volet, méthodologie comprise) de l'étude d'impact du dossier de l'Andra et déplore un florilège d'erreurs et de manques tout en s'interrogeant sur la méthode de travail de l'Andra. L'Andra qui, comme à son habitude, a tenté une opération de déminage. Audiencée par le Clis de Bure, elle a bien essayé de relativiser l'importance de ces anomalies (mais son directeur Patrice Torrès qui généralement sait garder la face semblait avoir perdu un peu de "sa superbe") ! Mais nous sommes nombreux-ses à trouver l'analyse de la Criirad particulièrement inquiétante. Vu la densité d'erreurs et d'approximations concentrées dans ces 20 malheureuses pages, nous nous demandons légitimement "quid des 11980 restantes" ? Fin 2024, la Criirad interpellait le Premier ministre et les parlementaires de la commission du développement durable et demandait à ce qu'une commission d'enquête soit constituée. Qu'en sera-t-il ? Et comment l'IRSN et l'ASN ont pu passer à côté de ça ? Peut-être parce qu'elles sont bien accaparées ailleurs...

 

Les "expert-es du nucléaire" dans la tourmente

L'IRSN vient de passer une année éprouvante et la situation ne va pas s'améliorer en 2025 (lire cet article de Reporterre du 31/12/24 "A la veille de la réforme de la sûreté nucléaire, pourquoi rien ne va" . Malgré une mobilisation remarquable (salarié-es de l'IRSN, parlementaires, associations etc.) et rassemblant bien au-delà des clivages pro et antinucléaire habituels, l'IRSN a été absorbée dans une nouvelle entité dénommée "ASNR" (Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection) depuis le 1er janvier 2025. Cette réforme largement décriée malmène la confiance déjà précaire que nous pouvions avoir en les experts du nucléaire. Mélanger expertise et décision, risque qu'il n'y ait plus du tout de maintien d'ouverture à la société et moins de transparence sont les principales critiques qui ont été formulées. Cerise sur le gâteau, c'est Pierre-Marie Abadie qui a été nommé directeur alors qu'il était jusqu'alors directeur général de l'Andra. Nous retrouvons donc à la tête de l'autorité en charge de mener l'instruction de Cigéo la personne qui a été responsable du projet. Un conflit d'intérêt manifeste qui avait été sarcastiquement relevé par les salarié-es de l'IRSN eux-mêmes (ce montage avait circulé dans leurs boîtes mails).

Sur le terrain, l'usine à gaz continue...

L'Andra poursuit les expropriations en exerçant sur les propriétaires et exploitant-es une pression insoutenable. L'arrêté de cessibilité sera probablement bientôt émis par les préfets de Meuse et de Haute-Marne. Elle a déposé une demande de permis de construire et d'autorisation environnementale pour de nouveaux bâtiments sur son site dont un cantonnement de gendarmerie. Elle a également déposé au printemps 2024 une demande d'autorisation pour les travaux préparatoires à Cigéo actuellement instruite par les services de l’État, et qui devrait être soumise à enquête publique courant 2025. L'objectif ? "Effectuer des opérations géotechniques, environnementales ou archéologiques, notamment sur les zones d’implantation du projet." Elle souhaite réaliser quelques 600 forages et autres opérations de caractérisation du site pour obtenir les données qui lui manquent encore sur sa connaissance des sols ou de la circulation de l'eau (oui, il manque des études sur la géologie et l'hydrogéologie locales alors qu'elle a déjà déposé sa demande d'autorisation de création). Elle doit par ailleurs mener une mission d'archéologie préventive et investiguer 60 hectares du sous-sol sur la zone descenderie. Bref, sa présence sur le territoire va encore s'intensifier...

Dans ces conditions, il va nous falloir retrousser nos manches et ne pas ménager nos efforts. Il risque d'être encore plus difficile de rendre nos combats visibles et nos paroles audibles.

Alors en 2025, mettons les bouchées doubles !

 

Avant de vous quitter

Nous vous suggérons fortement de signer cette pétition lancée par la CRIIRAD "Mobilisons-nous pour des produits sans radioactivité ajoutée". Si le projet de Technocentre (encore un bien joli mot !) de Fessenheim dans le Grand-Est voit le jour, "nous n’aurons aucun moyen de savoir si cette chaise, cette étagère, cette voiture ou cette poussette a été faite à partir de déchets radioactifs." Pour que des déchets radioactifs ne se retrouvent pas dans le domaine public (et accessoirement ne pas cuisiner dans une casserole radioactive) : https://www.criirad.org/signez-la-petition-pour-des-produits-sans-radioactivite-ajoutee/