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CIGEO : la DAC est déposée

Cigéo : demande d'autorisation - forcée - pour le projet industriel le plus risqué et controversé au monde !

L'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) a déposé hier, 16 janvier 2023, sa Demande d'Autorisation de Création (DAC) pour le projet d'enfouissement de déchets nucléaires Cigéo à BURE. Une nouvelle étape administrative alors même que l'agence est incapable de prouver faisabilité financière et technologique, et toujours au mépris d'une opposition qui ne faiblit pas : le 3 juin 2023, nous appelons à un grand rassemblement à Bure !

 

Un calendrier pour nous mettre devant le fait accompli d'un projet imposé

En juillet 2022, le projet Cigéo a été déclaré d'utilité publique (DUP) et Opération d'Intérêt National. Immédiatement, 32 organisations et 30 habitant·es ont dénoncé un passage en force après une enquête publique de complaisance, basée sur un dossier d'étude d'impact scandaleusement indigent. Elles ont aussi déposé un recours en septembre dernier. Cette DUP permet le démarrage de lourds travaux préalables, (routes, voie ferrée, alimentation en eau et électricité...).
Le dépôt de la DAC en ce début d'année 2023 s'inscrit sans aucun doute dans la volonté du gouvernement de presser la construction d'un nouveau parc nucléaire : comment faire accepter de nouveaux réacteurs sans forcer le calendrier de Cigéo ? 

 

A quoi ressemble le calendrier de la DAC au vu des nombreuses incertitudes qui persistent ?

Au rang des dernières surprises : le dossier de DUP indiquait que le stockage initialement prévu sur 15 km2 était désormais étendu à 29 km2, soit deux fois plus qu'initialement, et cela sans explication aucune. Dans quel but ? Accueillir les combustibles usés, qui passeraient ainsi de matière valorisables à déchets ? Accueillir des déchets FAVL (faiblement actifs à vie longue) toujours en recherche de sites d'accueil ? Accueillir les déchets d'un futur programme nucléaire sorti du chapeau d'Emmanuel Macron ?
De même, comment l'Andra a-t-elle résolu les inconnues sur les déchets bitumés, soit 25% des déchets potentiellement attendus à Cigéo et hautement inflammables, qui ne peuvent être enfouis tels quels ? 
Comment réaliser la démonstration de la faisabilité de la réversibilité alors que tous les retours d'expérience montrent que, loin d'être une prouesse technologique, elle n'est qu'un élément de langage ? Comment prétendre pouvoir anticiper toutes les situations accidentelles et la manière d'y répondre ? 
Si l'Andra se réjouit ce matin en conférence de presse du dépôt de sa DAC, cela ne signifie en aucun cas qu'elle se rend capable de relever les défis d'un projet aussi démentiel : Cigéo est un pari dangereux et explosif, quelques milliers de pages, rapports et études supplémentaires n'y changeront rien.

 

Une phase-pilote scélérate

Au terme d'une instruction expresse de 30 mois, un décret pourrait lancer en 2027, sans plus aucun regard parlementaire, les travaux de la « phase pilote ». Cette  première étape industrielle de CIGEO comprend la construction des principaux ouvrages de surface et des premiers ouvrages souterrains, en vue de l'arrivée de déchets radioactifs entre 2035 et 2040. Cette opération engloutirait plus de 5 milliards d'euros, soit la quasi totalité des provisions pour la mise en oeuvre de Cigéo sur environ 130 ans ! Cet "test grandeur nature" est une énorme supercherie : ce chantier serait le lancement irréversible de Cigéo. Quel gouvernement aurait le courage de stopper un tel investissement ultérieurement ?

 

Plus Cigéo avance, plus la conscience et la colère des populations grandissent

L'Andra avance à l'aveugle, poussée par les pouvoirs publics et le lobby nucléaire à prendre tous les risques
Les communes proches de Cigéo, lors de leurs avis sur la DUP, ont émis des réserves majeures restées à ce jour sans réponse : gigantisme du chantier, transports de déchets radioactifs, impacts sur l'eau, etc. Elles ont pour certaines et pour la première fois donné un avis définitivement défavorable !

 

L'Andra continue à écrire un intolérable conte de fée pour masquer une terrible destinée

L'Agence, dans un communiqué au ton lyrique surprenant du 17 janvier 2023 vante une gestion sûre des déchets avec Cigéo et salue le prétendu civisme de Meuse et de Haute-Marne : "Nous leur devons de la reconnaissance et l’assurance que nous continuerons de les accompagner et d’associer les acteurs locaux dans les choix et décisions à venir. C’est le gage d’une confiance durable." Mais quel projet industriel aura-t-il avancé aussi loin sur fond de mensonges scientifiques, corruption des esprits, achat des consciences ? Le mépris de la population appelée à devenir la "terre d'accueil" selon l'Andra d'un monstrueux legs atomique, sans jamais avoir eu son mot à dire est quasi criminel.

 

Un appel à rassemblement massif se prépare le 3 juin autour de Bure

Avec la DAC, le projet Cigéo se concrétise un peu plus et suscitera sans aucun doute des mobilisations locales comme nationales, des recours juridiques et des mobilisations sur le terrain. Une coalition d’organisations et collectifs dont la Coordination Stop Cigéo, rassemblée par une même colère contre ce contexte forcé de relance du nucléaire qui hypothèque nos choix, nos avenirs et nos territoires, donnent rendez-vous le 3 juin 2023 à Bure pour une mobilisation européenne(1) qui espère être massive contre le nucléaire et son monde. 
 

 

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1 - Parce que l'enfouissement à Bure et ailleurs de 99,99% de la radioactivité totale des déchets des centrales nucléaires est impossible à réaliser techniquement et financièrement, parce que c'est un pari tellement risqué qu'il est indispensable de s'y opposer farouchement, parce que les populations n'y ont jamais consenti, nous appelons à la mobilisation de toutes les forces qui pensent qu'un avenir sans nucléaire est la seule solution viable pour les populations et la planète.
Il est plus que temps de remettre à plat la politique énergétique du pays, avec la sortie du nucléaire et des énergies fossiles, pour pouvoir plus sereinement décider de la gestion la plus fiable possible des déchets nucléaires déjà produits. 
Jusque là, la résistance contre l'inacceptable qui nous est imposé continuera.