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Communiqué du CEDRA, 8 décembre 2022 - Les Brèves de Cigéo/Bure

Que s'est-il passé  récemment ? Entre actualités, annonces et bilans ? Toutes les infos autour de Cigéo et de la nucléarisation du territoire en Meuse/Haute-Marne ne peuvent pas faire l'objet d'un communiqué systématique. Il y aurait beaucoup trop à dire. Nous vous proposons donc régulièrement un récapitulatif des actualités et articles intéressants sur le sujet ! Bonne lecture !

 

Que diriez-vous d'un Champagne estampillé contre Cigéo pour pimenter vos fêtes ?

On ne va pas se mentir : parler nucléaire à Noël n'est peut-être pas la meilleure des idée pour un repas de famille apaisé tant le sujet est conflictuel ! Si vous faites l'autruche ou que vous vous bouchez les oreilles quand votre grand oncle exprime avec un ton péremptoire qu'il n'est pas possible de sortir du nucléaire ou que votre petite fille assure que le nucléaire sauvera le climat, on ne vous en voudra pas. Mais peut-être qu'une flûte de Champagne vous donnera du courage pour affronter les idées reçues ?

 

Grâce à un vigneron haut-marnais, nous avons des bouteilles de Champagne engagées contre Cigéo (voir photo). Les fêtes de fin d'année approchent, commandez-votre champagne militant (16 euros la bouteille en dépôt vente, dans la limite des stocks disponibles !).

Contactez-nous à cedra.collectif@gmail.com

 

L'association de malfaiteurs de Bure est à jamais derrière nous... ou presque

Coup de théâtre au 1er jour de procès le 28/11, on apprenait que l’accusation d’association de malfaiteurs était définitivement abandonnée et que nos ami-es ne seraient pas jugé-es là-dessus. Derrière nous pour de bon ? Oui sur le plan judiciaire, mais elle reste là, comme un fantôme en toile de fond. Elle imprègne les réquisitions de l'avocate générale et les plaidoiries de nos avocats qui ont dénoncé comme en première instance un dossier erroné, caricatural et lacunaire, malgré une enquête tentaculaire et menée à charge. Il est clair que l'association de malfaiteurs de Bure a beau être écartée, son spectre continue de peser. La justice est empêtrée depuis 2017 dans un dossier grotesque et caricatural ! Nous n’en serons débarrassé qu’en cas de relaxe totale et ce pour chacun-e des prévenu-es. Tout autre délibéré restera un délibéré politique. Délibéré le 26 janvier.

Pour avoir toutes les infos sur ce procès, des synthèses ou la revue de presse, lisez le blog ad hoc régulièrement alimenté

 

*Durant ce procès, les soutiens dont nous faisons partie n'ont pas organisé comme en 1ère instance à Bar-le-Duc une grande mobilisation en soutien, en accord avec les inculpé-es, qui ont préféré se concentrer sur la défense au tribunal. Mais durant toute la semaine précédente sur Nancy, plusieurs rendez-vous autour de la lutte contre le nucléaire et son monde étaient programmés pour faire écho à ce que l'appareil politico-judiciaire cherche à faire taire : les convictions antinucléaires et anti poubelle atomique de nos camarades. Tous ces moments furent une réussite. Et en attendant le délibéré, que les inculpé-es soient assuré-es de notre soutien indéfectible : leur procès est le nôtre.

La répression touche aussi les journalistes

Un journaliste de Reporterre vient d'être assigné en justice pour avoir réalisé un reportage sur une action de faucheurs volontaires. Dérive monumentale de l'appareil judiciaire qui confond le militant et le journaliste qui couvre une action, un événement ou une manifestation alors qu'il ne fait que son travail. C'est le travail du journaliste qui est attaqué, et de facto l'ensemble de nos libertés fondamentales à toutes et tous puisqu'elles sont protégées par l'exercice même du travail du journaliste... Notamment quand une lutte est aussi sévèrement réprimée que celle de Bure, on a besoin que des journalistes soient présents pour documenter le moment. Pour faire leur travail stricto sensu.
Toute autre interprétation est gravissime.

 

 

Lire l'article du 6/12/2022 : "Reporterre mobilise contre la criminalisation du journalisme"

 

 

L'Andra verse une grosse partie de son budget aux gendarmes

Le 28 novembre, jour où commençait le procès en appel des malfaiteurs-trices de Bure, un article de Mediapart dévoilait que la convention liant l’Andra à la gendarmerie coûte 10 millions d’euros par an à l’agence et qu’un certain flou règne sur les missions en faisant partie. Hmm... C’est qui les malfaiteurs ?

 

Lire l'article de Médiapart du 28/11/2022 "A Bure, les liens financiers entre gendarmes et nucléaire mélangent intérêts publics et privés"

 

Si vous entendez prochainement que Cigéo franchit un nouveau cap..

Il est possible que ce soit bel et bien le cas. L'Andra trépigne et compte déposer la demande d'autorisation de création de Cigéo d'ici la fin de l'année. Mais on parie combien que dans les 15000 pages du dossier il manquera des éléments déterminants sur la faisabilité, le coût, les impacts du projet ?

 

Cet empressement ne signifie pas que l'Andra fera la démonstration d'un projet rodé sur le plan de la sûreté, qu'elle apportera des garanties technologiques quant à la réversibilité du site, qu'elle aura anticipé toutes les situations accidentelles et sa manière d'y répondre. Il est impossible qu'elle prouve sa capacité à relever le défi (cette hérésie) industriel sans commune mesure qu'est Cigéo. Mais cette précipitation traduit explicitement le fait qu'il est incontournable pour le plan de relance du nucléaire du gouvernement.

 

Lire l'article de l'Est Républicain du 17/11/2022 "Stockage des déchets nucléaires : la demande d'autorisation de création devrait être déposée d'ici la fin de l'année"

 

Le nucléaire en débat ? La mauvaise blague du moment

"Je vous demande de m'approuver. Cordialement, Emmanuel". Voilà la vision du débat du Président.
Alors même que le débat public "Nouveaux réacteurs nucléaires et Penly" commençait fin octobre, le gouvernement lançait en parallèle "Une concertation nationale sur le mix énergétique". La population est noyée dans cette accumulation de consultations et concertations, la plus grande confusion règne et tout est verrouillé. Même si le débat public concluait que les français-es voulaient en finir avec l'atome, Macron a déjà annoncé (et assumé !) "un déploiement à marche forcée" et sa concertation nationale sur le mix énergétique fait les questions et les réponses en n'intégrant pas dans les énoncés la proposition explicite de ne pas construire de nouveaux réacteurs ou l'arrêt des réacteurs existants (lire le communiqué de Sortir du nucléaire "Concertation de pure façade sur le mix énergétique"). Ces consultations ont l'effet inverse de leur objectif : elles donnent un sentiment d'impuissance.

 

 

La Commission nationale du débat public (CNDP) espérait-elle un vrai débat ?
On dirait. Mais les exemples et l'histoire des débats publics en lien avec le nucléaire sont tous des échecs. Pourquoi celui-ci ferait-il exception puisqu'il n'est pas plus contraignant que les autres ? Petit tour des fiascos :
En 2006, débat public sur le projet ITER... dont la construction avait été actée avec les partenaires internationaux à Moscou en 2005 ! En 2010, débat public sur le projet Penly 3 dont la construction avait déjà été annoncée par le Président ! En 2005, lors débat public sur la gestion des déchets radioactifs, la population exprime sa volonté de poursuivre les recherches sur l'entreposage en subsurface mais au lendemain du débat, en 2006, le législateur entérine le principe du stockage géologique (Cigéo) ! En 2013, le débat public porte non pas sur l'opportunité de Cigéo mais sur ses modalités et trois des membres de la Commission particulière se sont désolidarisent du compte-rendu tant les conditions du débat avaient été insatisfaisantes.Et aujourd'hui, en 2022, avant même que le débat public ne, le gouvernement présentait un projet de loi accélérant la construction de nouveaux réacteurs, témoignant d'une redoutable ingérence dans le débat. Le politique met la pression, bravo le contexte serein !
Outre le contexte défavorable à ce que l'on puisse croire en son utilité, le débat public sur la "relance du nucléaire" commençait mal dès la lecture du titre "Débat public sur les nouveaux réacteurs nucléaires et le projet Penly (76)". Le débat est biaisé : soit il y a une véritable réflexion sur l'opportunité ou non de construire de nouveaux réacteurs nucléaires (première partie du titre), soit on réfléchit aux modalités opérationnelles de la construction (deuxième partie du titre), il faut choisir, on mêle pas les deux.

 

Lors de la soirée d'ouverture à Paris, on a senti un vent de colère et d’exaspération de La Hague, de Bure et de tous ces territoires qui se se savent lésés par avance par ce « débat » (lire cet article du 9 novembre sur Reporterre "Combis antiradiations, pancartes... des antinucléaires s'invitent dans le débat public", tant tous les signaux montrent que le gouvernement s’en fiche éperdument ! Depuis, les témoignages se succèdent sur la manière dont se déroule le débat : EDF est omniprésent, le poids des acteurs du nucléaire bien trop important et limitant les débats, très peu de publicité... Comme si EDF faisait tout pour que ce débat reste confidentiel. Mais quel intérêt aurait-il à ouvrir la discussion, alors que ce débat est une procédure réglementaire et légale : si il n'avait pas été obligatoire, aurait-il eu lieu ? Certainement pas.

Ce discours de relance ne doit pas éclipser les faiblesses de la filière, ce qu'a rappelé Hervé Kempf, auteur de "Le nucléaire n'est pas bon pour le climat" et par ailleurs rédacteur en chef de Reporterre, invité dans le cadre des mobilisations organisées à Nancy avant l'appel du procès pour association de malfaiteurs.

 

Devant un amphithéâtre comble de la faculté de lettres de Nancy, Hervé KEMPF a expliqué en quoi il considérait que cette obsession française du nucléaire est de l'ordre du sophisme. Alors que le gouvernement français présente la relance du nucléaire comme inéluctable, la filière est dans une situation catastrophique. Et aujourd'hui, être antinucléaire est la seule véritable réponse à la crise énergétique.

Si vous souhaitez aller plus loin, nous vous conseillons l'article du 29/11/2022 de David Lurinas sur son blog homonuclearus "L'épreuve des débats parallèles". Il s'agit d'un site d'informations sur le nucléaire qui dans son entièreté vaut une lecture attentive, extrêmement bien documenté pour se faire un avis éclairé sur le nucléaire.

Comité Centrales propose à travers sa tournée "Réveiller les esprits antinucléaires" présentant le film "Notre terre mourra proprement"* de recueillir vos doléances atomiques. Le périmètre étriqué du débat actuel ne permet pas de faire un réel bilan historique et sociologique du nucléaire. Comité Centrales propose de déconfiner et de déborder le débat public et la concertation en cours et a créé un blog sur Mediapart, sur lequel vous pouvez télécharger le pdf de l'appel (https://blogs.mediapart.fr/doleances-atomiques/blog/041122/appel-doleances-atomiques) et où il publira les doléances reçues doleancesatomiques@laposte.net.

 

 

*La lutte contre Cigéo n'a pas commencé avec le laboratoire à Bure en 1999, mais presque 30 ans avant, lorsque des dizaines de territoire ont refusé sans tergiversation que l'Andra installe ses valises. Actions radicales, union entre habitant-es, agriculteurs-trices, et élu-es, énormes manifestations, solidarité indéfectible : une combinaison qui a porté ses fruits, partout l'Andra a été jetée dehors. C'est ce que raconte ce film, qui nous a été présenté à Saint-Dizier le 3 novembre (on met l'article même s'il est particulièrement approximatif...), et d'ailleurs...

 

 

No frustration ! Notre terre mourra proprement est disponible en entier et en accès libre

Partez à la découverte d'une page de l'histoire de la lutte contre l'enfouissement des déchets nucléaires que vous avez certainement oubliée ! 
Mobilisations d'ampleur inégalée, rôle déterminant du monde paysan, sabotages, refus de la concertation... ont fait de dizaines de luttes locales des luttes victorieuses ! C'est avec tout cet héritage que la lutte à Bure continue.
C'est par ICI : https://www.youtube.com/watch?v=G-dvPRtFGGY

Les brèves des brèves : vites lues, vites vues

_Non, la France n'est pas indépendante grâce au nucléaire :

Une tribune publiée sur Reporterre à diffuser sans compter, tant le mensonge de l'indépendance énergétique de la France grâce au nucléaire persiste. C'est une idée reçue si tenace qu'on l'entend dès qu'on allume la radio, au café du coin, même les journalistes reprennent rarement celles et ceux qui affirment avec assurance que le nucléaire assure notre souveraineté énergétique.

 

_Dossier de novembre pour la revue S!lence : "Nucléaire : l'impasse programmée !"

"Le nucléaire est hélas revenu sur le devant de l’actualité, en bonne place parmi nos angoisses contemporaines. La vulnérabilité des centrales face aux sécheresses estivales ou face aux guerres, en sont des illustrations. Mais les tendances du secteur paraissent marquées par un paradoxe. D’un côté, il semble avoir à nouveau le vent en poupe, de l’autre sa relance semble plus que jamais... impossible. Retour sur la situation et sur l’actualité des luttes."
Au sommaire de ce numéro notamment "Le vent en poupe mais à bout de souffle - Le lobby nucléaire lutte pour sauver sa peau - Les bouffées de chaleur du nucléaire - Ukraine : la dissuasion nucléaire en échec - À Bure : se préparer au début des travaux… et résister
"Le nucléaire est hélas revenu sur le devant de l’actualité, en bonne place parmi nos angoisses contemporaines. La vulnérabilité des centrales face aux sécheresses estivales ou face aux guerres, en sont des illustrations. Mais les tendances du secteur paraissent marquées par un paradoxe. D’un côté, il semble avoir à nouveau le vent en poupe, de l’autre sa relance semble plus que jamais... impossible. Retour sur la situation et sur l’actualité des luttes."
Au sommaire de ce numéro notamment "Le vent en poupe mais à bout de souffle - Le lobby nucléaire lutte pour sauver sa peau - Les bouffées de chaleur du nucléaire - Ukraine : la dissuasion nucléaire en échec - À Bure : se préparer au début des travaux… et résister
Pour commander ce numéro ou vous abonner à S!lence rendez-vous sur la boutique en ligne de leur site internet
_La BAMAS à Saint-Dizier ouvre ses portes (mais ne montre que ce qu'elle veut)
On ne doute pas que celles et ceux qui se sont inscrit-es ont été bien accueilli-es et rassuré-es ! Sauf que d'après nos calculs, cette installation (base de maintenance nucléaire) aurait dû être classée INB et non pas ICPE. Nous sommes 6 associations à avoir porté plainte au pénal, pour nous la Bamas est dans l'illégalité. Le statut de ICPE banalise ce type d'activité et fait passer sous les radars des activités polluantes et dangereuses pour les riverains et les travailleurs. Le nucléaire n'a rien de banal.
Rappel de ce communiqué du 6/02/2021, depuis, la plainte suit son cours.