La Ministre de la Transition Énergétique Agnès Panier-Runacher à Bure s'est annoncée pour une rencontre du Comité de Haut Niveau à l'Andra. Sa visite surprise du 1er décembre 2022 a tout d'une tentative pour désamorcer la déception clamée en amont de cette réunion par les élus locaux, estimant (une fois encore) que l’État ne s'engage pas assez et n'apporte pas assez de « garanties en matière d’accompagnement financier ». Face à des élu-es toujours plus cupides, l'Etat n'en finit pas de faire des promesses et de renforcer un dangereux climat répressif. La coordination Stop Cigéo s'insurge.
Répression et caricature des opposant-es, il faut remettre les pendules à l'heure
Un arrêté préfectoral fleuve,
au contenu scandaleux et liberticide, concerne 17 villages autour de Bure.
Quels déplacements ministériels font-ils l'objet de tels déploiements d'interdictions sur un territoire ?
La préfecture va jusqu'à évoquer "l'appel à la mobilisation de la mouvance antinucléaire du 21 au 30 novembre en soutien aux sept prévenus pour leur procès en appel
concernant la tentative de destruction par incendie du restaurant "Le Bindeuil ". Un comble lorsque l'on sait que l'affaire de l'hôtel restaurant ne faisait déjà plus partie du
procès en 1ère instance en juin 2021 à Bar le Duc. Et que la mobilisation organisée en soutien au procès en appel des 28/29 novembre 2022 à Nancy est d'une totale légitimité. Toute remise en
cause des droits fondamentaux des personnes et des mouvements d'expression est indigne d'un Etat de droit.
Rappelons que l'accusation d'association de malfaiteurs est définitivement abandonnée : en réalité le parquet de Bar-le-Duc n'avait pas fait appel général à ce
propos. (Lire à ce propos : https://noussommestousdesmalfaiteurs.noblogs.org/le-26-janvier-la-relax/)
Une telle propension à jouer avec la réalité et à colporter des affirmations mensongères est plus qu'inquiétante !
La criminalisation de l'action politique contre le projet Cigéo, en calomniant ses détracteurs-trices, doit cesser au plus vite. Une fois de plus, l'Etat crée les conditions de la colère alors que nous ne faisons qu'exercer notre droit à nous opposer à un projet et par là même à faire vivre la démocratie.
Un projet industriel qui mélange intérêts privés et publics : l'exception nucléaire française ?
L'Andra s'offre le concours de la force publique et participe à créer un climat de tension sur notre territoire.
Un article
récent de Mediapart dévoile le contenu de la convention liant l’Andra à la gendarmerie "pour assurer la sécurité de la zone de construction du futur site de stockage profond ". Ces
liens posent question. L'escadron de 82 gendarmes (logés et nourris) dédié à la sécurisation du site coûterait 10 millions d’euros par an à l’Andra et une certaine confusion demeure sur les
missions facturées à la gendarmerie. Comme le révèle Mediapart, "les liens financiers entre gendarmes et nucléaire mélangent intérêts publics et privés".
L'Andra rémunère aux forces de l'ordre des missions de service public. Un chercheur interviewé par Mediapart souligne, "la situation à Bure pose un problème de théorie de l’État
: dans l’intérêt de qui la police agit-elle" ? D'autant que l'Andra est elle-même financée en partie par les acteurs du nucléaire. Des militaires au service
des intérêts, y compris privés, de cette industrie ?
---------------------------------------
Cigéo : Mme la Ministre, pourquoi ne venez-vous pas rencontrer les habitant-es ?
" Une telle rencontre aurait pu être salutaire pour vous rendre compte de l’opposition déterminée et sans appel des habitants de Meuse, de Haute-Marne et des
Vosges. Depuis 30 ans nous disons NON à ce projet car toutes les expertises indépendantes montrent que CIGEO pourrait être à l’origine d’une contamination voire d’une
destruction sans équivalent pour nos territoires et pour le pays. N'en déplaise à l'Andra, à nos élus locaux, Cigéo n'est en aucun cas une solution pour gérer les déchets les plus dangereux. Non
le nucléaire n'est pas propre !
Nous résistons aussi parce que le nucléaire nous mène à une impasse qui éclate enfin au grand jour : incapacité à répondre aux besoins énergétiques, vieillissement des centrales,
engorgement de tous les grands sites de traitement ou de stockage temporaire, multiplication des sites pour prendre en charge les déchets avant leur stockage prétendument définitif...
La France croule sous les dettes et est bien incapable d’honorer ses promesses d’emplois et de financement de la filière nucléaire. Même au prix de l’appauvrissement de la population et
au détriment de sa santé, elle n’y arrivera pas.
Si, vraiment, vous pensez que le nucléaire n’est pas un danger pour les populations, pourquoi ne pas construire les centrales et
stocker leurs déchets à Paris, au plus près de l’Elysée ?
Nous ici, ne voulons ni gendarmes, ni corruption. Nous n'acceptons ni les déchets imposés de Cigéo,
ni la piscine de La Hague, ni les EPR à Penly et ailleurs. Nous n’acceptons RIEN."