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Les Brèves de Cigéo/Bure - Vendredi 19 août 2022

/A LA UNE\ Les Bure'lesques ont tenu toutes leurs promesses !

Une programmation terriblement dynamique, haute en couleurs et en décibels, des conférences avec des intervenant-es d'une grande qualité, et la joie contagieuse de tou-tes les participant-es. On peine à redescendre ! Vous avez vu le petit mot de fin des Bure'lesques ? Si vous êtes déjà nostalgique, allez le lire sur le site du festival accompagné d'un reportage photos qui vous ramènera une semaine en arrière ! Hé oui, les Bure'lesques ça passe toujours beaucoup trop vite...

 

"Coloré, convivial, informé, festif, artistique, chaud, plein de saveurs aux cuisines, ombragé par ses cinq magnifiques chapiteaux, le festival a tenu toutes ses promesses et au-delà ! Des collectifs militants locaux, aux artistes, musiciens, conférenciers, cuisiniers, techniciens, monteurs de chapiteaux, gestionnaires des parkings et nombreux bénévoles, chacune et chacun a mis ses compétences et ses talents au service de cette troisième édition. 1000 mercis à toutes celles et ceux qui ont permis sa superbe réussite !"

 

/A LA UNE\ NI DUP NI DAC

Ce slogan prend tout son sens depuis que Cigéo a été déclaré d'utilité publique (DUP) et Opération d'intérêt national (OIN) le 7 juillet dernier. Et les Bure'lesques furent un sacré pied de nez !

Ces décrets ont suscité diverses réactions

Messieurs Longuet, Ménonville et Sido de leur côté refont complètement l'histoire. Pour eux, la Meuse et la Haute-Marne estiment rendre service à la France. Et ils ajoutent dans leur texte cosigné que "nous avons accepté ce projet difficile quand les autres territoires refusaient tout". Sauf que 1° non, nos départements ne rendent pas service à la France : si Cigéo est déclaré publique aujourd'hui, c'est parce qu'une poignée de fossoyeurs comme eux sévissent dans toutes les strates décisionnelles et influencent tout le processus de Cigéo. De 2°, non, nous (d'ailleurs qui est ce nous ?!) n'avons pas accepté Cigéo : si l'Andra a implanté son laboratoire à Bure, c'est parce que la résistance a été plus difficile en raison de différents facteurs - ce qui ne signifie en aucun cas que Cigéo a été accepté ! En 2005 une pétition a été signée de la main de 50 000 personnes et a été clairement ignorée.

 

On leur conseille de visionner le film "Tous n'ont pas dit oui" d'Alain Riès, qui rappelle avec quelle ténacité les habitant-es de nos départements ont résisté depuis les années 90 (allez, cliquez Messieurs, on est gentil, on vous donne le lien et c'est gratuit).

Heureusement, d'autres élu-es du Grand-est ont une toute autre vision de la Haute-Marne et de la Meuse et "dénoncent l'acte du gouvernement Borne qui a pris la responsabilité de concrétiser un peu plus ce projet dangereux et démesuré !" 

Cet article du 25/07 de l'Est Républicain relève que des élu-es de Meuse ont pointé l'hypocrisie de l’État ! "Comment croire que l'Etat considère sérieusement notre territoire comme une opération d'intérêt national quand au lieu de lui montrer une forme de reconnaissance il persiste à abandonner la zone de proximité et plus largement le département de la Meuse en y retirant des services publics au fil des ans ?" "La machine est lancée, elle nous terrifie, mais nous ne cesserons de combattre sa course mortifère pour notre département".

Car tel est le sombre dessein (de moins en moins) bien caché derrière Cigéo : faire le vide du territoire pour avoir le champs libre. Mais il ne faut pas le dire, sinon les défenseurs du projet ne le seront plus.. Que ce mensonge perdure le plus longtemps possible, le risque est trop grand ! Le 29/07, tous sourires devant les caméras, EDF et Energic 52/55 ont donc renouvelé pour trois ans leur convention, qui a pour ambition d’œuvrer au développement économique du territoire d'accueil de Cigéo. Comme le fait remarquer un commentaire pertinent d'un sympathisant, il faut plutôt parler "d'anéantissement de notre territoire, avec le sourire s'il vous plaît et la complaisance de la plupart de nos élus qui tendent la main pour une aumône".

Mais une fois la caméra éteinte, que font-ils du préjudice sanitaire reconnu par l'Autorité Environnementale qui recommande de ne pas développer le territoire pour ne pas mettre la population en danger si Cigéo se fait ? Comme Elisabeth Borne par sa signature des décrets, ils l'ignorent et pis on verra ce qu'il se passe ? 
Pourtant, le développement grâce à Cigéo, plus personne n'y croit. Des millions déversés, des partenariats signés.. et les services publics meurent, des établissements scolaires ferment, de plus en plus difficile d'avoir un rendez-vous médical. Stop l'hypocrisie, l'Andra créé le désert !

 

Revenons sur le sens même de l'expression "Utilité Publique"

Le mot « utilité publique" laisse entendre que l'enfouissement des déchets radioactifs est d'intérêt général ; donc maîtrisé (dans la sûreté comme dans le coût). Non seulement les risques sont persistants mais le chiffrage du projet est largement obsolète. Ce qui est déclaré d'utilité est en réalité un projet dont on ne connaît pas les contours : on ne connaît pas encore l'inventaire des déchets qui seraient enfouis, ni en spécificité ni en volume (véridique), on ne connaît pas (de fait) le coût du projet. Finalement, l'utilité publique n'est là que pour faciliter l'emprise de l'Andra sur le territoire en permettant l'expulsion des habitant-es et des agriculteurs-trices des terres qu'elle convoite. Le décret d'utilité publique n'est rien d'autre qu'un décret d'autorisation d'expropriations.

 

 

Lire l'article de Reporterre, "Déchets radioactifs à Bure, l'Etat autorise les expropriations"

 

 

Parlons concrètement : avec l'utilité publique de Cigéo, l'Andra fait tomber le masque !

Après 20 ans d'un soi-disant "accompagnement économique et développement du territoire", à l'horizon de sombres perspectives se dessinent pour vider le territoire autour de Bure.
Avec la DUP, l'Andra peut désormais acquérir la maîtrise foncière qui lui manque (elle possède 83% des terres dont elle a besoin pour ses installations en surface, il lui manque 100 hectares sur les 665) ; elle peut procéder à des expropriations ; elle peut mettre en compatibilité les documents locaux d'urbanisme avec Cigéo alors qu'il n'est pas autorisé.
Avec l'OIN, l’État possède aujourd'hui sur une zone de 3641 hectares (soit 11 communes concernées) des compétences en matière d'urbanisme originairement dévolues aux élu-es : c'est à lui qu'il faudra désormais demander pour une autorisation d'occupation des sols, un permis de construire par exemple, ce qui lui permet de tout refuser en bloc du riverain qui souhaiterait faire une extension au paysan qui voudrait construire un hangars, et de créer à n'en pas douter une zone entièrement dédiée à Cigéo.
Comme le fait justement remarquer cet article de Reporterre le 4/08, le retour des bulldozers et des tensions sur le territoire sont prévisibles : délogement des habitant-es/opposant-es, rachats de terre, expropriations. Déjà aujourd'hui, plusieurs maisons sont rasées par l'Andra sous prétexte qu'elles sont en mauvais état. En réalité, il s'agit d'éviter qu'elles ne soient rachetées par des opposant-es.

 

/A LA UNE TOUJOURS\ ON ATTAQUE LA DUP

La Meuse et la Haute-Marne on les veut radieuses, pas radioactives : appel à rejoindre le recours juridique contre l'utilité publique de CIGEO !

Si vous habitez l'un de ces villages : Bonnet, Bure, Gondrecourt-le-Château, Horville-en-Ornois, Houdelaincourt, Luméville-en-Ornois, Mandres-en-Barrois, Ribeaucourt, Tourailles-sous-Bois, Cirfontaines-en-Ornois, Gillaumé et Saudron...

 

=> Vous avez intérêt à agir et vous pouvez rejoindre notre recours contre la DUP et l'OIN. Oui le périmètre est restreint pour un projet de cette ampleur... et ça arrange clairement l'Andra.

 

=> Cette requête juridique collective se prépare depuis longtemps : 31 organisations seront requérantes. Tout est prévu : le recours est rejoignable gratuitement et sans risque : on s'occupe de tout !

 

=> Pour participer à cette mobilisation juridique, contactez-nous par e-mail (action-juridique-cigeo@riseup.net) ou par téléphone (06 88 27 16 06)

 

On prépare le recours depuis longtemps mais les démarches tombent en plein été : aidez-nous à diffuser, il nous faut votre réponse si possible avant le 30 août et au plus tard le 5 septembre.

 

Bure s'est invité dans la visite lorraine d'Elisabeth Borne


Quel mépris de la Première Ministre : venir rencontrer les élus locaux en Meuse pour discuter de la fiscalité de Cigéo pas de problème, en revanche nos courriers restent sans réponse, nos inquiétudes sur le stockage nucléaire sont ignorées. Belle hiérarchisation des priorités ! Heureusement pour nous, Mathias Raulot, conseiller départemental de la Meuse, a remis en main propre le dernier courrier que nous lui avions envoyé avec de nombreux collectifs en amont de la DUP, lui rappelant les innombrables problèmes techniques et environnementaux soulevés par l’enfouissement. Maintenant, la Première Ministre ne pourra pas dire qu’elle ne l’a pas eu...

 

A l'issue de sa rencontre avec les élus meusiens, on apprend qu'ils ont obtenu de la visite ministérielle la promesse d'un nouveau comité de haut niveau marquant le réengagement (parce que quand même, ils réalisent que les départements et la région vont devoir financer un peu Cigéo, c'était pas prévu comme ça Mme la Ministre !). Sauf que derrière cet effet d'annonce - un nouveau comité de haut niveau de Cigéo alors que le dernier date de mars 2021 et qu'il devait être biannuel - absolument RIEN de nouveau sous le soleil : des élus mécontents du manque d'engagement de l’État continuent à quémander et l’État fait des promesses quand les annonces ne suffisent plus !

 

Elle aura quand même calé une ballade sur le village départ du tour de France féminin à Bar-le-Duc.

 

D'ailleurs, les coureuses passaient près de Bure et des camarades en ont profité pour déployer quelques banderoles avec des messages contre Cigéo et une sympathisante a immortalisé le passage (sous haute surveillance comme toujours) ! Aura-t-on vu ces images à la télé ? Pas sûr !

Les centrales nucléaires et l'eau, un sujet majeur

Sécheresse, canicule, assèchement des cours d'eau, restrictions des usages.. Mais quel est le secteur qui nécessite le plus de prélèvements en eau en France ? Les centrales nucléaires !
Quand on parle de nucléaire ce n'est pas la première idée qui vient généralement, mais cette industrie est indissociable de l'eau. Elle a besoin d'un apport continuel en eau pour refroidir ses réacteurs, pour cela elle en prélève massivement en amont du cycle de refroidissement. En aval, elle rejette également continuellement de l'eau (réchauffée donc), ce qui a pour effet d'échauffer les cours d'eau. Le lien avec le changement climatique est évident : alors que les étiages sont de plus en plus sévères,  comment assurer les prélèvements d'eau indispensables pour des raisons de sûreté ? Et en aval, une rivière avec un débit plus faible se réchauffe plus vite, les seuils réglementaires de températures sont atteints plus rapidement. En période caniculaire, les autorités ont régulièrement accordé des dérogations permettant aux centrales nucléaires de rejeter l'eau malgré des températures excessives. Même hors période de canicule (dès mai), EDF fut contraint de baisser la production nucléaire. Cinq centrales nucléaires françaises ont récemment obtenu une dérogation pour poursuivre le rejet de leurs eaux de refroidissement afin d'assurer le maintien de la production d'électricité jusqu'à la fin de l'été. C'est le serpent qui se mord la queue. Alors que les restrictions d'eau pleuvent, malgré la chaleur et la sécheresse, les centrales nucléaires resteront toujours gourmandes en eau pour des raisons de sûreté et continueront toujours à rejeter de l'eau chaude dans des cours d'eau en souffrance.

Si on creuse davantage et que l'on rentre dans le détail des chiffres :
- la France pompe 32,3 milliards de m3 dans les eaux superficielles et souterraines (il s'agit de l'eau dite "prélevée", qui comprend l'eau consommée et celle restituée directement après utilisation). Et la majorité des eaux prélevées l'est pour les besoins des centrales nucléaires : la moitié (16 milliards de m3) de cette eau douce est utilisée pour refroidir les centrales de production d'électricité, avant les prélèvements à des fins de production d'eau potable, agricole ou industrielle !
- L'eau consommée, c'est-à-dire celle qui n'est pas restituée aux milieux aquatiques après utilisation, représente en moyenne 5,3 milliards de m3 chaque année, soit environ 16% de l'eau prélevée. Si l'agricultrice est la première consommatrice (45%), le refroidissement des centrales électriques arrive juste derrière (31%).
Qui a conscience de ces quantités astronomiques ? Il n'y a pas que les émissions carbone : le nucléaire est loin d'être une énergie résiliente face au changement climatique, elle est au contraire extrêmement vulnérable et constitue un facteur aggravant.

 

Bye bye Unitech, Ciao Cigéo, maintenant on s'occupe de l'Andra et de son labo !

Et Unitech et sa laverie nucléaire s'éloignent, s'éloignent, s'éloignent.. toujours un peu plus de chez nous comme en témoigne cet article de la Voix de la Haute-Marne ! C'est bien de se le redire de temps en temps : c'est quand même LA dernière victoire importante contre la nucléarisation de la Meuse/Haute-Marne !
D'ailleurs, des affiches fleurissent ces temps-ci dans nos contrées pour se rappeler que le combat continue. Comme ici à Soulaines dans l'Aube, près du plus grand centre de stockage en surface de déchets nucléaires en Europe.

 

Des nouvelles de l'Est : Stocamine, la saga continue !

2 août : nouvelle victoire juridique pour nos camarades qui luttent du côté de Stocamine : Les MDPA-Stocamine ne peuvent pas continuer à bétonner le fond de la mine pour "emmurer" les déchets ! L'exemple même de l'importance d'activer le levier juridique pour contrer, bloquer, freiner, immobiliser des travaux ou projets désastreux !

 

 

Lire l'article la dépêche AFP : "Déchets toxiques de Stocamine : la justice confirme la suspension des travaux de confinement"

 

 

Des nouvelles de l'Ouest : à La Hague, la rentrée sera chaude !

"Des dizaines de personnes ont manifesté le 6 juillet devant la salle des fêtes de Beaumont-Hague où a lieu la fin du simulacre de consultation du projet de piscine nucléaire d'EDF sur le site ORANO de la Hague. Beaucoup plus de monde dehors que dedans. Nul doute que la rentrée sera chaude !" Ce post publié sur les réseaux sociaux fait écho à Bure ! Simulacre de consultation, plus de monde dehors que dedans... la concertation autour de La Hague nous rappelle étrangement l'enquête publique sur la demande d'utilité publique de Cigéo ! Le nucléaire repousse la démocratie. 

 


A l'Ouest comme à l'Est, nul doute en effet que la rentrée sera brûlante !

 

 

Stands info à venir

Du 5 au 7 août, bien que très mobilisés par les Bure'lesques, nous étions aussi présents comme chaque année au festival Le Chien à Plumes à Villegusien (52) ! On ne manquerait ce rendez-vous haut-marnais pour rien au monde ! Il y a eu beaucoup de passage à notre stand, pour papoter des dernières actus de la lutte contre Cigéo/Bure entre deux bières fraiches et deux concerts !
Nous pouvons annoncer les prochaines dates où nous sommes certains d'être présents :
- Forum des associations à Chaumont le 3 septembre,
- Salon Ecol'Aube à Troyes le 8 octobre,
- Salon bio et alternatif de la Fête de la Grue au Der le 23 octobre.
N'hésitez pas à nous inviter ici et là : les stands-info représentent un lieu de rencontres incontournable pour une petite association comme la nôtre.