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CP STOP CIGEO - Elisabeth Borne en Lorraine : Père Noël ou "fossoyeur" de la Meuse ?

La Première ministre sera en Lorraine jeudi 28 juillet 2022. Au programme, promenade sur le village départ du Tour de France féminin, rencontre de différents acteurs du territoire autour de la ruralité et... discussion sur la mise en oeuvre d'une fiscalité spécifique à Cigéo dans le cadre du projet de développement de territoire. Sur ce sujet, Elisabeth Borne choisit expressément avec qui et de quoi elle accepte de parler : elle vient pour brosser dans le sens du poil des élus impatients de voir démarrer le chantier. Répondre aux courriers et aux inquiétudes d'un bon nombre d'habitant.es du territoire n'est pas à l'ordre du jour. Belle hiérarchisation des priorités et funeste conception de la démocratie !

Un gouvernement sourd aux inquiétudes réelles de la population

Elisabeth Borne choisit de n'avancer qu'avec celles et ceux qui sont pour la poubelle atomique. Le gouvernement continue sur sa lancée, ignorant à la fois l'avis de la population qui s'est exprimée lors de l’enquête publique 2021 (les contributions sur le plan comptable étaient majoritairement négatives et pour certaines très documentées) et les alertes de l'Autorité Environnementale sur la sûreté de Cigéo et les perspectives d'avenir du territoire. 

 

Outre la terrifiante montagne de doutes majeurs qui entoure le stockage nucléaire dont la coordination Cigéo/Bure STOP et 7 associations nationales lui ont fait part le 13 juin dernier (1), rappelons que l'Autorité Environnementale a fait émerger pour la première fois un préjudice sanitaire pour les habitant-es du territoire autour de Bure. Selon elle, il faut cesser de développer le secteur sur le plan économique et démographique. Une sage recommandation qui va à l'encontre du projet de développement de territoire (PDT) signé en 2019 par les deux conseils départementaux de Meuse et Haute-Marne !

 

 

Un plan de territoire au service du nucléaire, hautement toxique pour la population

Au Conseil départemental de Meuse, des élus ont récemment pointé du doigt l'hypocrisie de l'Etat qui "persiste à abandonner la zone de proximité et plus largement le département de la Meuse en y retirant des services publics au fil des ans" (Est républicain, 25/07/2022, "Cigéo : l'opposition de gauche au conseil départemental montre au front"). Hélas la majorité départementale, aveuglée par les promesses et les euros qui pleuvent depuis des années poursuit une dangereuse politique : tout accepter sans discernement ni garde-fou, faire comme si le risque n'existait pas et accueillir les "fossoyeurs" du territoire à bras ouverts, en échange de compensations.

 

Pourtant, qui peut croire encore au renforcement de l'attractivité du territoire grâce au projet Cigéo ?

Les 500 millions d'euros du PDT serviront surtout à préparer l'emprise physique de Cigéo et de ses déchets nucléaires (modification de routes, voies ferrées, adduction d'eau, etc) et non pas à bâtir un avenir choisi collectivement et tourné vers l'avenir. Cerise sur le gâteau, ce chantier commencerait alors que l'Andra n'a aucune autorisation pour construire son stockage.

Le décret d'utilité publique de Cigéo est là pour permettre à l'Andra de renforcer sa maîtrise foncière via des expropriations et pour rendre le territoire compatible avec Cigéo sur le plan de l'urbanisme. Celui de l'opération d'intérêt national permet au gouvernement de créer et de prendre en main la compétence d'urbanisme sur une large zone zone dédiée à Cigéo. L'objectif confondu des deux démarches est bien de donner un coup d'accélérateur à Cigéo en débutant d'énormes travaux d'aménagements préalables, ce qui aura pour effet de vider progressivement le territoire de ses habitant-es et d'empêcher toute alternative à un projet qui n'est même pas autorisé.

 

Il faut arrêter de croire au Père Noël !

Il est temps d'ouvrir les yeux et d'agir en conséquence. Le prétendu développement du secteur -auquel certains élus veulent encore croire- serait un frein au projet d'enfouissement nucléaire : le gouvernement en a parfaitement conscience. Son objectif est clair aujourd'hui : moins il y aura de population, plus l'Andra aura le champ libre.

Et puis qui voudrait vivre pour plus d'une centaine d'années au milieu des nuisances générées par un projet aussi gigantesque ? A côté d'un chantier aux impacts mal évalués ?

Nous avons bon espoir que la population et davantage d'élus réalisent cette magistrale duperie et comprennent que refuser Cigéo revient à sauver notre territoire. Plus que de l'abandonner à la filière nucléaire, il y a d'autres avenirs à réfléchir et construire ensemble !