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Communiqué du CEDRA, 4/03/2022 - Les Brèves de Cigéo/Bure,

Que s'est-il passé ces dernières semaines ? Entre actualités, annonces et bilans ? Toutes les infos autour de Cigéo et de la nucléarisation du territoire en Meuse/Haute-Marne ne peuvent pas faire l'objet d'un communiqué systématique. Il y aurait beaucoup trop à dire. Nous vous proposons donc régulièrement un récapitulatif des actualités et articles intéressants surle sujet. Bonne lecture !

 

Pour l'Andra, la Déclaration d'Utilité Publique de Cigéo "serait un signal politique fort" ...

...Alors qu'un signal politique fort de la part du gouvernement serait plutôt de ne pas déclarer d’utilité publique un projet qui comporte des incertitudes alarmantes à tous les niveaux. Et de ne pas précipiter un décret avant les présidentielles ! En effet, Cigéo n’en finit pas de démontrer son infaisabilité tant technologique que financière, l’industrie nucléaire est en plein cauchemar industriel et financier, et la guerre en Ukraine montre que la nucléarisation d’un territoire accroît sa vulnérabilité. Quand est-ce qu’on arrête ce délire ?!

Cigéo : beaucoup de questions et peu de réponses

Alors que Cigéo s'apprête à être déclaré d'utilité publique et que la demande d'autorisation de création est annoncée pour cette année, on ne sait pas quels déchets seraient enfouis ni leur volume, ni s'il serait possible de les récupérer (en cas de fonctionnement normal comme en cas d'accident). Ces interrogations font partie des nombreuses questions soulevées par Michel Badré de la Commission Orientation du Plan national de gestion des matières et des déchets radioactifs lors de l'Assemblée générale du Clis de Bure.

 

 

De manière générale, l'assemblée du Clis nous laisse perplexe. Michel Badré a insisté sur la nécessité de poursuivre (ou plutôt commencer sérieusement ...) l'étude des alternatives. "La situation est destinée à évoluer, les connaissances changent, le projet ne sera pas tel qu'on le conçoit aujourd'hui" assure-t-il. Michel Badré nous affirme donc que nous avons le temps au moment précis où le gouvernement accélère le calendrier de Cigéo, la déclaration d'utilité publique est imminnnte. 

Il exprime la nécessité de mieux associer l'expertise des associations et des citoyen-nes, mais nous ne pouvons pas faire partie de la gouvernance d'un projet que nous rejetons. Quand le porte-parole du CEDRA lui fait remarquer qu'il est un peu tard pour la concertation et lui demande pourquoi notre avis n'a jamais été demandé avant, il répond "j'en sais rien..."

 


 

Lire aussi l'article de l'Est Républicain du 25/02/2022 : "Cigéo : beaucoup d'incertitudes sur l'inventaire des déchets et la réversibilité"

 

Alors que Cigéo ne règle pas le problème des déchets du passé il devrait être conçu pour accueillir ceux du futur

 

Alors qu'à l'AG du Clis de Bure il était question des incertitudes qui pèsent sur l'inventaire de Cigéo, spécificités et volumes, il est déjà  envisagé d'y enfouir les déchets des hypothétiques EPR2 annoncés par Macron.  En effet, le rapport sur le nouveau nucléaire publié par le ministère de la Transition énergétique, auquel l’Andra a contribué, aborde la question des déchets produits par les six nouveaux réacteurs. Quels que soient les volumes, le futur centre de stockage meusien sera conçu pour pouvoir les réceptionner si c’était l’option prise. Il faudrait alors réévaluer le coût de Cigéo (alors que l'on est déjà en attente d'une réévaluation !) et envisager une augmentation de l'emprise du stockage alors que la faisabilité de l'inventaire de référence (sur lequel portera la demande d'autorisation de création de Cigéo) n'est pas démontrée.

Lire l'article de l'Est Républicain du 25/02/2022 : "EPR2 : si Cigéo paraît en capacité d'accueillir les déchets, son fonctionnement devra être prolongé"

 

 

 

 

Des objets de consommation courante fabriqués à partir de métaux faiblement radioactifs recyclés ?

De la radioactivité dans vos casseroles, vos poignées de porte ou encore dans des poussettes : des objets de consommation courante pourraient être fabriqués à partir de métaux faiblement radioactifs recyclés. Ou la banalisation du mal pour donner l'illusion du cycle vertueux du nucléaire.

Lire l'article du Parisien du 15/02/2022 "Deux décrets prévoient désormais le recyclage des matériaux faiblement radioactifs"

Démocratie, transparence et nucléaire : un rapport accablant à diffuser sans modération !

La Commission Nationale du Débat Public dresse le bilan de 17 ans de débats et de consultations dans le nucléaire et en tire plusieurs enseignements :

1) un sentiment constant que les décisions sont prises sans tenir compte de la parole citoyenne et que de fait les débats sont tronqués.
2) une contestation récurrente : le manque de transparence et de fiabilité des informations.

 

Aussi, plutôt que de nous enfermer dans des débats aux périmètres très restreints, elle note que "tous les publics convergent pour considérer qu’il n’est pas possible de débattre des déchets radioactifs sans débattre de l’énergie nucléaire et qu’il n’est pas possible de débattre de l’énergie nucléaire sans débattre de la politique énergétique. Plus qu’un choix industriel, c’est un choix de société."

 

Lire l'article de Reporterre du 16/02/2022 : "l'Etat méprise le débat public sur le nucléaire selon une commission indépendante"
Lire la note de la CNDP

Macron et les EPR2 : un grand numéro d'esbroufe !

 

La relance du nucléaire version Macron : contrairement à ce qu'il a présenté comme programme ambitieux et rapide, ce plan risque au contraire de nous faire manquer le rendez-vous avec l'urgence climatique. C'est le moment de ressortir cet article de Contexte qui avait révélé un document interne dans lequel l’exécutif envisageait une mise en service de la première paire de réacteurs à l’horizon 2042 – 2043, voire après 2045 dans un scénario « fortement dégradé ». Bref, même pour l'exécutif, ces réacteurs sont hors délais par avance.

 

 

Et le Président bientôt candidat prend soin de ne pas regarder dans le rétroviseur et d'ignorer l'embouteillage des déchets à la Hague. Il ne regarde pas plus loin que son discours non plus en n'ayant pas un mot sur les déchets à venir. Doit-on s'attendre à une multiplication de Cigéo évidemment sans débat démocratique ?
Si on résume, 42 milliards d'euros de dette pour EDF, 100 milliards pour la prolongation des réacteurs (cf Cour des Comptes), 25 à 100 milliards pour Cigéo selon les estimations, un EPR qui devait en coûter 3 mais qui en coûtera finalement 19 milliards, puis six EPR2 pour 45 à 65 milliards. Hors surcoûts prévisibles...  On a envie de dire : Abracadabra ! 

(Re)lire le communiqué de la Coordination Stop Cigéo "Relance du nucléaire sans débat démocratique : Macron assoit son rêve de grandeur sur une montagne de déchets radioactifs"

Macron annonce la relance du nucléaire mais élude les rapports qui fâchent

 

Alors qu'il s'est présenté comme porte-parole des experts, il n'a pas précisé qu'il avait éludé les expertises qui le contrariaient dans sa démonstration ! En effet, le rapport de l'ADEME dont la publication a été repoussée par le Ministère de la Transition Écologique conclut :
- qu'il n'y a aucune nécessité de construire de nouveaux réacteurs nucléaires,
- que l'éolien en mer flottant est une alternative économique crédible à de nouvelles centrales même en cas de forte consommation d'électricité,
- que les scénarios les plus sobres sont les moins chers,
- et dans tous les scénarios de l'Ademe les énergies renouvelables représentent plus de 70% de la production d'électricité.
Lire l'article de Mediapart du 14/02/2022 : "Nucléaire : le gouvernement repousse la publication d'un rapport contredisant Macron"

La lutte à Bure vue par les gendarmes

 

Un étrange article que voilà publié sur le site de la gendarmerie. Ce que les gendarmes semblent dépeindre comme une traque distrayante pleine de rebondissements est pour nous un combat essentiel pour notre territoire, la démocratie et les générations futures. Ce qui est a l’épicentre de la contestation antinucléaire est la profondeur de notre opposition à Cigeo et pas ce pseudo jeu du chat et de la souris. Diffusant au passage quelques gros mensonges et absurdités liés à sa vision fantasmée des opposant-es (ex : Bure comme camp d’entraînement, un « passage obligé pour s’entraîner pour tous les profils de la mouvance ultra gauche et anarchiste), la gendarmerie cherche à calquer ses propres schémas et logiques pour mettre des mots sur une opposition qu’elle n’a jamais comprise, se félicitant au passage d’avoir porté quelques coups sévères. Elle tombe dans son propre piège et se trahie : à travers ses mots on comprend que les opposant-es autour de Bure ne sont plus considéré-es comme des citoyen-nes comme les autres, elle illustre ce que la Ligue des Droits de l’Homme a qualifié d’harcèlement policier et judiciaire.

 

 

Lire l'article quand même (oui, il vaut son pesant de cacahuètes), du 8/02/2022 : "A Bure, les gendarmes à l'épicentre de la contestation antinucléaire"

 

 

Concertation reportée pour le projet de piscine nucléaire à La Hague

Une victoire 👏 à l’Ouest qui doit nous donner de la force dans l’Est : d’où l’intérêt de ne pas se faire avoir par ces concertations qui accompagnent la marche forcée de projets dont on ne veut pas !
EDF essuie un gros camouflet : la concertation autour du projet d’une nouvelle piscine nucléaire à la Hague est reportée à après les élections législatives. EDF s’était déjà repliée sur l’enceinte du site d’Orano après avoir dû renoncer à implanter sa piscine à Belleville sur Loire grâce à la mobilisation locale. Mais même à la Hague dans un territoire nucléarisé la contestation a pris de l’ampleur, un collectif Piscine nucléaire stop s’est rapidement constitué, multipliant les réunions, perturbant celle d’EDF. Le climat local a poussé Chantal Jouanno, présidente de la Commission Nationale du Débat Public, à prendre la décision de reporter cette concertation qui ne pouvait pas se dérouler dans des conditions sereines.
Lire l'article de Ouest France du 2/02/2022 : "Piscine nucléaire à La Hague, l’État repousse la concertation à l'après législatives"

Concertation avortée pour le projet de déviation de la RD60/960 pour Cigéo

 

Demander à la population locale de se focaliser sur le tracé d'une route alors qu'il y a tant d'étapes à venir et d'incertitudes scientifiques et financières au sujet de Cigéo est une stratégie de diversion insupportable !
Lundi à Echenay en Haute-Marne avait lieu la première réunion de "concertation" concernant le projet de déviation de la RD60/960 autour de Cigéo. Cette déviation est nécessaire uniquement si Cigéo se concrétise puisque la route actuelle traverse le terrain. Elle n'a de sens que si Cigéo est autorisé, ce sont des travaux préalables. Mais c'est en ce moment que se déroule cette consultation et les travaux seront réalisés avant l'autorisation. Voilà où est le scandale. A coup de sifflets et d'applaudissements, des opposant-es présent-es dans la salle ont perturbé la réunion qui n'a finalement duré que 10 minutes. 10 minutes de trop pour une énième réunion destinée à noyer le poisson !
Visionner le reportage de Puissance Télévision du 1/02/2022
Le récit par des opposant-es "Mascarade, miettes et décibels"

Réunion du 2/02 par le Collectif Ornain sur la voie ferrée de Cigéo : une réussite !

 

Première réunion d’information sur la voie ferrée de Cigeo par le Collectif pour la Protection de la Vallée de l’Ornain : une véritable affluence et beaucoup d'expressions d'habitant-es et riverain-es en colère.
Une membre du collectif avait ouvert la séance en déconstruisant point par point la communication de la SCNF et de l’Andra sur la voie ferrée destinée à être réhabilitée pour le projet. Elle avait aussi montré de quelle manière était orchestrée la banalisation et la dédramatisation du sujet notamment à travers des éléments de langage enjoliveurs. Danièle Cour de la CRIIRAD avait ensuite apporté avec des qualités de vulgarisation indégnables des explications sur les risques et les faibles doses.

 

Double page sur Bure dans le Parisien Lundi 31 janvier 2022

On le répète : ce qui est à combattre en Meuse/Haute-Marne (en plus de l'enfouissement des déchets du nucléaires !) ce n'est pas l'assentiment de la population au projet Cigéo !
C'est la fatalité orchestrée dès le départ par les élus locaux qui ont attiré le projet et les nombreuses défections des élus nationaux qui se sont succédé au gouvernement. L'esprit de résignation ne vient pas tout seul, il a été construit de toutes pièces. Mais il n'est pas indestructible !