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De septembre à octobre, les informations en vrac autour de la lutte contre le projet Cigéo !

Nous avons pris l'habitude de proposer ce type de communiqué afin de revenir sur des informations importantes qui vous auraient peut-être échappé ou que nous n'avions pas eu le temps de vous transmettre. Bonne lecture !

 

 

    ~ Du Vent de Bure au Nuage de Lubrizol

 

 

Le Vent de Bure est passé à Nancy fin septembre. Mais celui-là était inoffensif, bien que malicieux, déjanté, il ne nous a pas laissé irradié-es ! Mais s'il avait été chargé de particules radioactives l'aurions-nous su ? L'aurions-nous senti ? La radioactivité est une ennemie invisible... Mais que serait le Vent de Bure par l'inflammation d'une alvéole avec ses centaines de tonnes de bitume pur (colis bitumineux), voire les milliers de tonnes en ce qui concerne l'ensemble du site ? Techniquement, le résultat serait exactement le même, sauf que dans ce cas, les fumées apporteraient aussi des particules radioactives ...

 

 

Nous avons constaté que nous étions nombreux-ses à faire le lien entre Lubrizol et Tchernobyl, notamment sur le traitement de l'accident par les autorités publiques qui, immédiatement, ont voulu rassurer la population en risquant (volontairement ou non) de lui mentir. Sous couvert de vouloir contenir une potentielle panique, la préfecture a communiqué sur le fait qu'il n'y avait pas de risque, que les fumées n'étaient pas toxiques... que les seuils de dangerosité n'étaient pas atteints. Mais qui pour le croire, alors qu'il s'agit pourtant d'un usine classée Seveso en raison des risques industriels qu'elle peut représenter, que 5 253 tonnes de produits sont parties en fumée, sans compter un toit en amiante ? La très mauvaise gestion de l'après accident par les autorités laisse imaginer le désastre si un accident nucléaire survenait.

 

Population, élu-es, agriculteurs-trices, producteurs-trices locaux, parents... le désarroi est palpable à Rouen et sur les centaines de kilomètres que le nuage a survolé, déposant des suies sur son passage. Qu'en serait-il en cas de retombées radioactives, de Nancy à Strasbourg, de la frontière Belge au Luxembourg.. voire toute l'Allemagne ?

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    ~ On a du mal à croire que la Demande Autorisation de Création (DAC) pourrait être déposée d'ici la fin de l'année !

 

Car au-delà des risques relatifs à l'enfouissement et à la conception du centre, même l'inventaire des déchets radioactifs destinés à Cigéo n'est pas au point !

 

Dernière blague en date : alors que depuis plusieurs années différentes instances ont longuement alerté sur les risques des colis bitumineux (extrêmement inflammables), au point de préconiser de ne pas les enfouir - émettant des "réserves", cela veut tout dire dans un langage diplomatique - nous avons appris en septembre que la conception de Cigéo pourrait finalement être modifiée pour accueillir ces déchets. L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) estimait qu'un prétraitement de ces déchets pour neutraliser leur inflammabilité était préférable, mais un groupe d'experts cité par l'ASN penche davantage vers une évolution de conception du site, ajoutant que le coût de cette solution de stockage direct “serait nettement inférieur” à une neutralisation préalable de la réactivité des déchets. Nous y voilà ! Enfin, "si les experts le disent" !

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    ~ Fin du débat public sur le PNGMDR... mais le sujet est loin d'être clôt !

 

Le débat public sur le plan national de gestion des matières et des déchets radioactifs est terminé depuis le 25 septembre. Nous avions décidé collectivement de ne pas y participer, considérant que nous n'avions pas d'énergie à mettre dans ce processus trop bien connu qui consiste à demander l'avis de la population pour mieux l'ignorer. Pire, nous craignions d'être instrumentalisé-es : nous n'avions surtout pas envie que nos avis soient "notés" et "consignés" une fois encore. Cela fait plus de 25 ans que les opposant-es au projet Cigéo expriment leur point de vue. Les risques de Cigéo sont avérés depuis près de 15 ans, eux non plus n'ont pas changé et pourtant l'industrie nucléaire et les autorités n'en tiennent pas compte. Pire, que penser lorsque l'Andra, à la clôture, explique que "les controverses ne se situent plus tant sur les aspects techniques que éthiques" ?

L'Andra ne peut pas démontrer la sûreté de Cigéo et semble préférer mentir que l'admettre en cherchant à lisser les risques pourtant monstrueux de Cigéo. Il est par ailleurs toujours difficile d'entendre l'Andra parler d'éthique alors que les deux "débat publics" de 2005 et 2013 qui eux portaient bien sur Cigéo, ont remporté la palme de l'hypocrisie tant le maquillage démocratique était grotesque. Cigéo n'a aucune légitimité, ni sociale, ni démocratique, ni scientifique. Celles et ceux qui le disent sont baillonés par des dispositifs judiciaires liberticides, les choix relatifs au nucléaire sont verrouillés.. Non, vraiment, nous n'avions pas notre place à cette farce !

 

Un article de Reporterre revient sur la clotûre de ce débat et sur quelques interventions de la Commission Particulière du Débat Public (CPDP) et du public. Les critiques pleuvent et glissent vers un goût de trop entendu. Le bilan immédiat reflète déjà l'impasse d'un débat public sur le nucléaire. Participation en demi-teinte, mobilisation relative : qu'il s'agisse de participant-es au débat ou boycotteurs-trices (le déroulement de plusieurs réunions partout en France a été perturbé pour dénoncer cette opération de communication), finalement, chacun-e semble rester avec cette crainte latente  : pourquoi débattre alors que les décisions sont déjà prises ?

 

Peu importe l'honnêteté de la CPDP ou les outils innovants mis en place : le noeud du problème ne réside pas dans le manque de transparence du processus mais bien dans la volonté de ne pas faire du nucléaire un enjeu démocratique. En ce sens, le dialogue est rompu avec l'industrie nucléaire... mais nous continuerons d'ouvrir des discussions sur le sujet. Ce débat est terminé... mais le sujet n'est pas clôt ! (Lire le communiqué commun)

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    ~ Samedi 5 octobre 2019 : un grand jour pour Cigéo !

... et pour les petit-es élu-es qui favorisent son insertion en vendant leur département au nucléaire  !

 

Le projet de territoire de Cigéo a été signé en présence d’Emmanuelle Wargon, secrétaire d’Etat à la transition écologique dans la parfaite continuité de Sébastien Lecornu. Elle nous avait prévenu : elle reprend le dossier là où il s’était arrêté. Elle évite ainsi de se poser cette épineuse question : est-ce vraiment normal de lancer un projet de territoire gravitant autour d’un projet qui n’est pas autorisé ?

 

Ainsi, 500 millions d'euros en 5 ans pour l'amélioration des routes, de la desserte en eau ou de la fibre optique vont s'ajouter au milliard déjà déversé tandis que les écoles ferment, que les hopitaux sont à bout de souffle, que l'ensemble du service public est à l'agonie... et avant même qu'il y ait un gramme de déchet radioactif ! De la corruption institutionnelle assumée.. Une question nous taraude : combien coûtent l'acceptabilité et le silence ?  
Si les 10 collectivités ont récolté le gros lot en signant le projet de territoire autour de Cigeo (https://france3-regions.francetvinfo.fr/grand-est/meuse/bure/dechets-nucleaires-gros-lot-bure-attendant-cigeo-1732107.html), elles signent par là même aussi pour le plus grand cimetière de déchets radioactifs (bien vivants, bien actifs)! et ça, ce sera moins marrant. D'ailleurs, on se doute bien que Emmanuelle Wargon et les opérateurs de la nucléaire n'ont pas cherché à leur rappeler : l'heure était sûrement davantage au champagne et aux petits fours pour fêter ce grand moment !

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    ~ Le nucléaire trop lent et trop coûteux pour enrayer le réchauffement climatique

 

 

Alors que EDF se positionne comme sauveur du climat, se joint volontairement aux Marches pour le Climat et communique à outrance sur la quasi neutralité carbonne du nucléaire, nous souhaitions proposer un autre son de cloche. De nombreux documents et notamment celui du "Rapport sur la situation de l'industrie nucléaire mondiale en 2019" qui a eu lieu le 24 septembre dernier à l'Université d'Europe centrale à Budapest (Lire ceci), montrent combien le nucléaire est en réalité inopérant par rapport aux énergies renouvelables face à l'urgence climatique. Le nucléaire face au péril climatique ? Trop cher, trop lent.

 

 

Le taux de renouvellement des centrales "est trop bas pour garantir la survie de la technologie". Face aux énergies renouvelables dont la production s'envole et est de moins en moins chère, les équipements des centrales sont vétustes et l'âge moyen du parc mondial de réacteurs nucléaires a dépassé les 30 ans. Construire de nouvelles centrales ou remettre aux normes le parc serait extrêmement long et sans garantie. La facture de l'EPR de Flamanville vient de prendre un millard et demi supplémentaire et un nouveau report pour des soudures mal faites. Ce chantier reflète à lui seul la perte de compétences, les déboires techniques et le gouffre financier du nucléaire (de 3 milliards il est passé à 12,5 milliards, et la mise en service accuse pour le moment 10 ans de retard). Nous n'avons pas le temps pour d'autres fiascos ! L'industrie nucléaire est l'industrie du mensonge et de l'arrogance, incapable de reconnaître ses échecs et l'impasse dans laquelle elle emporte tout le monde avec elle !

 

 

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~ Quelques ressentis concernant le traitement médiatique de Cigéo et de l'opposition.

 

Lors de Vent de Bure, nous avions été choqué-es des articles parus la veille dans la presse régionale, qui relataient bien plus le dispositif policier et judiciaire plutôt que le programme, les motivations de l'événement ou son scénario original. Il en reste que ces articles anxiogènes, où nous n'avions pas eu la parole, avaient comme conséquence de créer une certaine attente pour le jour-J, mais pas celle que nous aurions souhaitée. Il ne s'agissait pas de savoir si notre manif allait remplir son objectif rassembleur mais plutôt de savoir si Nancy serait une scène d'affrontements. Sur les réseaux sociaux, les habitant-es de la cité lorraine s'inquiétaient des opposant-es de Bure sorti-es de leur campagne et venu-es pour saccager leur ville. D'ailleurs, un des articles du lendemain avait pour titre "La bataille de Nancy n'a pas eu lieu" !

Le Jour-J, le lendemain. L'effet est ridicule ! En créant de toute pièce cette attente, les autorités et les médias ont sans doute découragé certain-es de venir, mais surtout, ont créé une histoire reposant sur des bases fictives ou en tout cas invérifiables. Elles se sont, d'une certaine manière, approprié notre mobilisation pour mieux la détourner, modifier son scénario. Sur manif-est, une lettre ouverte à un des journalistes a été publiée (https://manif-est.info/Lettre-ouverte-a-Christophe-Gobin-de-l-Est-Republicain-1162.html). Nous souhaitions la diffuser car nous réalisons qu'à mesure que les échéances prochaines de Cigéo approchent, la situation se cristallise sur le terrain depuis plusieurs années, mais elle se crispe aussi en matière de communication et de relai de l'information.

Par exemple, il n'y a qu'à constater le choix de couverture par l'Est Républicain de la signature du projet de territoire de Cigéo en Une samedi 5 octobre. Plusieurs pages dédiées décrivent le projet de territoire autour de Cigéo (ou plutôt pour Cigéo !), côtoyant des publicités sur l'Andra qui propose une exposition/voyage dans l'espace, ou encore sur EDF qui s'engage à préserver la biodiversité en protégeant le gypaète barbu (un rapace).

Nous n'avons pas de leçon de déontologie à faire et il est normal que la presse locale traite longuement le PDT de Cigéo. Mais la vision du sujet et surtout l'interprétation qui peut en être faite par les lecteurs-rices dépend plus de la manière dont il est traité que du choix même de le traiter. Cigéo, pour l'Andra, les opérateurs du nucléaire et les autorités, est plus une guerre de communication qu'une bataille argumentative. On le voit à travers l'utilisation d'encarts publicitaires qui sont d'ailleurs inaccessibles pour nous financièrement. Lorsque le lecteur apprend d'un coup d'oeil via la Une de l'Est Républicain que 500 millions d'euros seront déversés sur les 5 prochaines années pour le projet de territoire et juste en dessous que l'Andra propose une exposition sur le système solaire, il en oublierait presque que ces billets et cette programmation culturelle existent pour masquer l'impasse technologique dans laquelle se trouve Cigéo. L'Andra préfère parler à la population d'archéologie plutôt que de radioactivité.

 

Ces réflexions font aussi écho pour nous au manifest paru au printemps dans le Journal de la Haute-Marne par le collectif des 33 000. Une page entière vantait le dynamisme économique et l'attractivité générée par Cigéo à travers quelques chiffres hasardeux présentés dans de beaux encarts violets, et surtout en dénigrant l'opposant-e à Cigéo, jouant avec des descriptions calomnieuses (les opposant-es à Cigéo serait d'après lui un "groupuscule d'individus") et des mensonges avérés (groupuscule donc, qui prendrait "en otage le débat autour de Cigéo"). Nous avions saisi le jury de déontologie publicitaire, considérant qu'il y avait des atteintes à certaines règles de déontologie et que le collectif était finalement un usurpateur prétextant parler d'une seule voix au nom des 33 000 entreprises (sans apporter de précision sur ce chiffre) de la Meuse et de la Haute-Marne (sans leur avoir demandé l'autorisation !). Mais comment les lecteurs-trices auraient pu savoir que le collectif avait en réalité confisqué la parole de ces entreprises ?

 

 

Une chose est sûre : nous resterons vigilant-es sur toute la communication de Cigéo, et ne manquerons jamais d'exprimer nos ressentis quant à son traitement lorsque nous estimons qu'elle biaise l'opinion publique.

 

 

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    ~ Un regard sur les portes "ouvertes" de l'Andra

En septembre avaient lieu les portes-ouvertes au centre de l'Andra de Meuse/Haute-Marne... mais ouvertes sur quoi au juste ? Une habitante du territoire s'y est rendue. Alors.. portes ouvertes ou entrebâillées ? À lire ici : https://blogs.mediapart.fr/mmeyer/blog/061019/les-portes-entrebaillees-de-l-andra

 

 

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    ~ L'invitation

 

Samedi 23 novembre, à l'initiative de nos copain-es de Destocamine, un rassemblement est organisé à Wittelsheim, le lieu de Stocamine. Ils appellent à une convergence pour défendre la ressource en eau. Les luttes contre l'accaparement de la ressource en eau à Vittel par Nestlé (une bonne nouvelle à lire, Nestlé étant rattrapé par sa gourmandise, par ) ou encore contre la laverie nucléaire d'Unitech sont reliées par une défense plus globale de l'eau comme bien commun.

 

Pour avoir toutes les infos et les rejoindre, voici le lien : https://www.facebook.com/events/1366571846824264/