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Entre propagande et désinformation, le collectif des 33 000 (vraiment ?) nous a fait bondir !

Quel développement souhaitons-nous pour la Haute-Marne et la Meuse ? Pour le Collectif des 33 000, aucune ambiguïté : un territoire au service du nucléaire !

Mi-avril, une pleine page dans le Journal de la Haute-Marne ainsi que dans l'Est Républicain, achetée par le collectif des 33 000 nous a fait bondir (à télécharger en cliquant ici). Collectif au nom audacieux puisqu'il s'agirait "du nombre d'entreprises que comptent les départements de la Meuse et de la Haute-Marne". Collectif qui est composé "de l'ensemble des acteurs économiques locaux concernés par le projet Cigéo" et dont l'objet est de "faire valoir l'intérêt économique de Cigéo". 
Cette publicité hautement démagogique semble avoir davantage pour objet d'attaquer et décrédibiliser les opposant-es à Cigéo plutôt que de convaincre de son apport incontournable en matière économique. Par là, il nous donne l'opportunité de restaurer quelques vérités et faits avérés.
Le débat relatif au nucléaire, en France et sur nos territoires en particulier, a toujours été confisqué ou orchestré par les acteurs de l'industrie nucléaire.
Sans complexe, le collectif des 33 000 s'accapare la représentation de l'ensemble des entreprises de nos départements (et on se demande bien si les "33000" ont été sollicitées et de quelle manière). Or, bien plus que des entreprises locales, il semble surtout se faire le porte-parole de l'Andra et de la politique du gouvernement, utilisant leurs éléments de langage et pratiquant la manipulation de l'information. En avançant que "depuis quelques années, le débat public autour de Cigéo est pris en otage par un groupuscule d'individus prêts à tous les moyens (même les plus musclés) pour imposer leur vérité", il oublie de rappeler que si la population avait été écoutée dès le débat public de 2005 sur les moyens de gestion des déchets radioactifs, le projet Cigéo ne serait plus qu'un "lointain" souvenir puisqu'elle avait préféré l'entreposage en subsurface au stockage géologique. Finalement, le groupuscule d'individus prêts à tout pour imposer leur vérité est celui qui sévit à l'assemblée nationale, entérinant des décisions qui ne sont pas représentatives des choix de la population, ou encore au gouvernement et dans les services déconcentrés de l'Etat, donnant l'ordre d'éradiquer toute forme d'opposition à Cigéo en militarisant un territoire et en instrumentalisant l'appareil judiciaire à des fins politiques. Pétitions, conférences, manifestations ou occupations ne sont pas des moyens musclés. 27 interdictions du territoire de la Meuse et/ou de la Haute-Marne, plus de 60 procès, 7 personnes mises en examen, l'utilisation de moyens de surveillance destinés à l'antiterrorisme, en sont très certainement.
Confirmation de la désertification du territoire et du risque accru de mono-industrie

Malgré propagande et désinformation à outrance, le collectif des 33 000 ne convainc en rien de l'attractivité générée par Cigéo. C'est en effet en annonçant quelques chiffres pourtant sacrément flous et obscurs que le collectif pense prouver son impact économique. Sauf que les chiffres -peu importe le nombre de 0-, ne résistent pas à la réalité du terrain : il suffit de se promener sur le territoire pour constater que les promesses de développement économique sont restées lettres-mortes, que le service public se meurt, que les écoles ferment, que les panneaux "à vendre" apparaissent... et végètent sur les murs des maisons. Et il n'y a pas que les opposant-es pour le dire ! Doit-on rappeler la création par le maire de Montiers sur Saulx en 2017 d'une association anti Andra, se sentant trahi et impuissant face à la désertification du territoire ? Les élu-es eux-même, sans être pour autant "anti Cigéo" avancent que "l'absence de création d'activité économique conséquente au laboratoire Cigéo en Meuse est constatée partout" (Emilie Cariou, députée du nord meusien devant le Comité de Haut Niveau de Cigéo à Bure en septembre 2018). Le développement, peut-être, mais uniquement pour le secteur du nucléaire et l'allusion au projet avorté de centre de tri de traitement et de conditionnement des déchets radioactifs (projet Bison) à Gudmont en est la preuve. Nous avons déjà évoqué le fait que l'argent du GIP, financé par le nucléaire et censé accompagner le développement économique de nos territoires, retourne très facilement au nucléaire ! Le seul développement promis à nos départements est intrinsèquement lié au nucléaire. Un territoire au service d'une énergie du passé, ça ne fait pas rêver. Le Collectif des 33 000 semble bien parti pour défendre ce type de développement mortifère, au risque d'empoisonner les sous-sols, et d'anéantir toute autre profil de développement concomitant et toute forme de vie désirable en surface. Le nucléaire ne cohabite bien qu'avec le nucléaire.

Qui sont les véritables défenseurs de la Haute-Marne et de la Meuse ?

Les opposant-es à Cigéo et à la nucléarisation du territoire ne sont pas contre le développement économique et la recherche de l'attractivité. Ils sont antinucléaires, et c'est en luttant justement contre l’accaparement de leurs terres à des fins nucléaires qu'ils militent également contre la désertification du territoire. Là encore, nous ne sommes ne sont pas isolé-es dans ce choix : et nous encourageons, par exemple, les  nombreuses délibérations actuellement prises dans cette esprit par des communes contre le projet de laverie nucléaire d'Unitech à Suzannecourt ! Au contraire, et c'est un signal fort, le lieu choisi par le collectif des 33 000 pour se présenter à la presse est justement Suzannecourt, ce qui achève de nous convaincre (lire l'article publié dans le JHM le 26/04). Rappelons que le maire de Suzannecourt, Michel Boullée, est justement aussi vice-président du GIP haut-marnais, et cherche à tout prix à ce que la blanchisserie nucléaire s'installe : au point d'omettre intentionnellement de préciser le caractère radioactif de l'installation ou d'empêcher une conférence sur le sujet. L'avenir de notre département est bien confisqué par quelques individus à la botte de l'industrie nucléaire et qui ne représentent qu'eux. Et c'est bien ces individus que le collectif des 33 000 soutient.

Finalement, cette parution du collectif des 33 000 confirme bien que Cigéo est un écueil dans l’attractivité de nos départements… et que le travail commun que nous fournissons contre la poubelle nucléaire et ses satellites gêne profondément non pas le développement de nos départements, mais bien le processus d’enfouissement des déchets nucléaires !