La laverie nucléaire d'Unitech à côté de Joinville : un projet risqué pour la ressource en eau !

Lorsque dans le Journal de la Haute Marne, Madame SOULIMAN, préfète de la Haute-Marne annonçait le 19 février (en plus du dépôt de la demande d’autorisation d’exploitation et du permis de construire) que le projet d’implantation d’une laverie nucléaire à Suzannecourt à côté de Joinville par la société Unitech) était « sûr, non nocif, et sans impact sur l’environnement », nous avions largement tiqué.

            Pour affirmer aussi catégoriquement qu’un projet qui consiste à traiter le linge contaminé par la radioactivité porté dans les sites nucléaires français (et étrangers à l’avenir) est « sûr et sans impact sur l’environnement », encore eut-il fallu pouvoir le prouver ; mais non, nos représentant-es n’innovent pas et préfèrent avoir recours à l’habituelle culture du secret. L’ancienne laverie nucléaire de la Hague d’Areva (qui n’était plus aux normes depuis 20 ans) bien qu’Installation classée pour la protection de l’environnement (ICPE), était sous le contrôle de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) puisque située au sein de l’installation nucléaire de base (INB) de la Hague. Ce que nos élu-es locaux s’évertuent à présenter à la population comme une « simple laverie industrielle », balayant du revers de la main le mot « radioactivité », n’a pourtant rien d’une activité anodine. Mais les mensonges et les refus de communication de documents contenant des informations environnementales (et ce malgré l’avis favorable de la Commission d’accès aux documents administratifs (CADA)) répétés ne permettent pas d’établir ses risques ; au contraire, implicitement, ils les confirment.

Et comment eut-il pu en être autrement, au regard de l’activité en question ? Nous tenons en particulier à alerter sur les risques qui pèseraient sur la ressource en eau de notre région, ainsi que sur tout son aval. L’ensemble des questions qui à ce jour restent sans réponse est édifiant.

            Quid de l’alimentation en eau ? Le concept étant basé sur la dilution de la radioactivité par plusieurs cycles de lavages, cela laisse présager une quantité très importante des prélèvements en eau nécessaires ; ce qui est d’autant plus inquiétant à l’heure où le réchauffement climatique se ressent déjà. Nos ressources en eau sont-elles vraiment capables de supporter cette activité, notamment en période d’étiage ? Dans le bassin joinvillois, il faudrait fournir l’eau d’une blanchisserie nucléaire et alimenter le projet Cigéo pour lequel seraient prévus des canaux hydrauliques. Et que resterait -t-il à la population ? Le bassin joinvillois serait-il condamné comme à Vittel à vendre son eau et à l’acheter ailleurs et à quel cout ? Quid des rejets inhérents à l’activité ? En plus des éléments radioactifs, nous pouvons craindre que soient libérés des composés chimiques de par l’utilisation de détergents : métaux lourds, nitrates, phosphates… ? Quid de la gestion en aval de l’installation des effluents ? Les eaux sales seraient-elles traitées, comment et par qui ? Quels contrôles des éléments chimiques et contaminants radioactifs seraient mis en place ?

            Questions sérieuses, mais démarches infructueuses.

            Et pourtant, nous sommes tou-tes concerné-es par ce projet, et plus spécifiquement relativement aux impacts, celles et ceux qui se situent en aval de Suzannecourt, comme Joinville, qui n’a pas été choisi par hasard : sa proximité avec Cigéo et sa situation en bordure de Marne pour le rejet des eaux usées ont eu raison de la petite cité de caractère. Car c’est bel et bien dans l’eau de cette rivière qu’elles seraient reversées, avec dilution à la clef des composés chimiques toxiques et d’éléments radioactifs sur le parcours qui ne seraient pas retenus par les filtrages. C’est ainsi qu’avec les communes en aval de Suzannecourt, le Der, lac dans lequel se jette la Marne, haut lieu du tourisme champenois, serait la prochaine victime, comme la Seine après lui. Plus ironique que jamais, nous avons appris que le périmètre de l’étude d’impact serait limité à la commune de Suzannecourt, un peu plus de 300 habitants… pour une activité représentant le transport et le traitement de 1000 tonnes de vêtements radioactifs (et 500 de plus si elle était étendue à des marchés internationaux), et ayant des répercussions sanitaires sur les centaines de kilomètres de l’écoulement des eaux.

Une pensée à nos élu-es haut-marnais qui vont devoir redoubler de souplesse et d’acrobaties pour promouvoir un parc national et le tourisme vert du département à côté d’un sarcophage nucléaire bouillonnant et de baignades dans les eaux vives de la Marne ou du lac du Der polluées par les particules nucléaires, mousses et autres détergents. Qui s’y risquera ?

 

Nous vous proposons de prolonger ces analyses et réflexions en vous rendant à la réunion publique d’information que nous co-organisons avec l’association nouvellement créée Joinville-lave-plus-propre, opposée à ce projet de laverie.

Une fois de plus, c’est à la population de pallier le manque de transparence et d’informations à l’heure l’on nous parle de démocratie environnementale.

 

Pour ce faire, nous avons invité notamment deux spécialistes :

Bertrand THUILLIER, scientifique indépendant,

Roland DESBORDES, physicien de la sérieuse Criirad (Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité)

 

 

 

 

 

RDV JEUDI 31 MAI, 19H30,

Salle des fêtes RAYMOND HANIN de Joinville 

(1 Place Charles de Gaulle) !

 

le CEDRA et GUDMONT-DIT-NON